La mer gelée | Revue
A l’heure des nombreuses commémorations de la chute du mur de Berlin qui fatiguent un peu, il serait dommage malgré tout de ne pas signaler la parution de la revue bilingue La mer gelée . Ce numéro explore le nom de Berlin Alexanderplatz, un nom propre qui convoque à la fois le roman d’Alfred Döblin, les 15 h de feuilleton télévisuel du cinéaste Raïner Fassbinder et l’immense place, en pleine transformation, de la capitale allemande. La revue prolonge également l’événement que représente la nouvelle traduction du roman par Olivier Le Lay chez Gallimard. Les extraits publiés permettent de découvrir ou redécouvrir la voix rugueuse et moderne de Döblin. Oui l’on peut parler de voix.
Emmenée par Alban Lefranc, écrivain et traducteur lire ici et par Daniela Dröscher, La mer gelée poursuit son aventure singulière dans le paysage des revues.
Que nous propose ce numéro ? Une centaine de pages grand format, au graphisme sobre. Efficace. Carte blanche à été donnée aux graphistes Toan Vu-Huu et Wanja Ledowski qui inventent de nouveaux principes de mise en page pour chaque thème. Un tiers des pages sont consacrés à des photos et à des dessins. On peut saluer notamment les portraits fantômes des personnages du livre. Faye Formisano et Sarah Schrader ont rassemblé quelques reliques de Biberkopf ou de Mieze.
Les textes quant à eux prolongent ou réinventent des personnages du livre : c’est ainsi que Antoine Brea porte au carré le principe du roman original, en opérant un second collage à partir de celui-ci, pour atteindre une poésie à la Ernst Herbeck : Maudite soit la Terre / Parmi lesquels des vétérinaires / Dont le sang est venu du soleil…
Au texte de Daniela Dröscher qui donne une voix au personnage de Mieze, la jeune prostituée assassinée qui se plaint de ne plus être regardée (mais je suis belle moi, toute morte que je suis), Alban Lefranc répond par un texte où s’exprime l’assassin supposé de Mieze, Reinhold.
La revue propose aussi une réflexion sur la traduction du linguiste François Rastier, qui interroge les thèmes de l’indicible et de l’intraduisible.
Rappelons que si la revue est bilingue francais / allemand, elle ne traite pas systématiquement des thèmes franco-allemands. Ce sont les identités et les parcours des rédacteurs de la revue qui ont conduit naturellement à ce traitement dans les deux langues.
Une lecture de présentation est proposé samedi 21 novembre 2009, à librairie parisienneLa terrasse de Gutenberg, en présence de Noémi Lefebvre et Alban Lefranc :